"Le violon est le roi des instruments" (Mersenne)
mais si "l'orchestre est empereur, l'orgue est pape" (Berlioz)
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L' Orgue est un instrument à vent, il est tellement complexe qu'il est nécessaire de se fixer un plan pour en parler techniquement, voici tout d'abord une vidéo
"C'est pas sorcier" pour aborder le sujet :
voici tout d'abord une vidéo
Sainte Cécile
Un facteur d'orgue (ou organier) est un artisan (ou une entreprise artisanale) spécialisé dans la fabrication et l'entretien d'orgues complets et des nombreuses pièces entrant dans leur construction. Suivant l'importance des opérations de maintenance, on parle de dépoussiérage, de relevage, de restauration (souvent à l'identique), de reconstruction.
Ce métier nécessite la maîtrise de nombreuses disciplines, dont la menuiserie, la mécanique, le travail des peaux et le formage des métaux, et des matières plastiques, l'électricité et l'électrotechnique, l'informatique, ainsi que des connaissances musicales et acoustiques très sérieuses. Il est répertorié parmi les métiers de l'artisanat d'art ; l'un de ces artisans est l'harmoniste, qui, sur le lieu même où sont les orgues, les règle en fonction de l'acoustique de ce lieu.
L'Orgue, le pape des instruments :
Pierre Wolf-Mandroux,journal La Croix le 19/06/2016 à 9h07
Le « roi des instruments », selon Mozart ou Bach, est devenu au fil des siècles l’instrument d’église par excellence, bien qu’il soit plus ancien que le christianisme.
L’orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris. / Bertrand Rieger/hemis.fr
« Parmi les instruments inventés par l’homme, l’orgue est certainement le plus étonnant, un “phénomène” », écrivait le Français Émile Leipp, l’un des plus grands chercheurs en acoustique musicale du XXe siècle. De fait, l’orgue est un instrument unique. Et cela ne tient pas seulement à ses proportions gigantesques.
Fruit de deux mille ans d’innovations acoustiques, il présente aujourd’hui un fonctionnement très complexe. Mais à l’origine, sa facture reposait sur un simple système hydraulique qui permettait d’égaliser la pression de l’air et de stimuler des tuyaux avec de l’air comprimé. L’invention de ce premier orgue est généralement attribuée à un Grec, Ctésibios, au IIIe siècle avant Jésus-Christ. Il se répandit ensuite dans le monde romain. Il servait à accompagner les courses de chars au cirque, et plus généralement à scander les moments dramatiques, comme, probablement, la mort de gladiateurs.
D’où vient-il ?
Après la chute de l’Empire romain d’Occident, l’orgue est surtout utilisé à Byzance. Le premier connu en France est celui qu’envoya l’empereur Constantin Copronyme au roi des Francs Pépin le Bref, en 757. La première introduction connue de cet instrument dans un sanctuaire français remonte, elle, à 827, sous l’impulsion d’un facteur d’orgue vénitien, abbé de Saint-Savin (près de Poitiers). On en retrouve ensuite à Reims, Cluny ou Chartres dès les IXe et Xe siècles, le plus souvent dans les abbayes.
Du XIIIe au XVe siècle, plusieurs innovations voient le jour dans sa facture. Le pédalier fait son apparition. Le buffet, meuble qui contient les sommiers et la mécanique de l’orgue, se développe. Les claviers se multiplient, tout comme les jeux, qui sont des ensembles de tuyaux de même forme produisant un timbre identique. Ces nouveautés incitent les grandes églises européennes à rivaliser, à partir du XIIIe siècle, pour se doter du plus bel instrument et du meilleur organiste.
Pourquoi est-il devenu l’instrument liturgique par excellence ?
« Si l’orchestre est empereur, l’orgue est pape », disait Hector Berlioz. L’orgue est aujourd’hui indissociable du christianisme. Il lui a toutefois fallu plusieurs siècles pour s’imposer dans les églises. Dans les premiers siècles de la chrétienté, la musique liturgique est celle du plain-chant, à savoir un chant sans accompagnement instrumental et à une seule voix. L’utilisation de la polyphonie, soit la combinaison de plusieurs mélodies, lors des offices religieux ne va se développer que peu à peu dans l’Europe occidentale – et non dans les Églises d’Orient, qui restent très fidèles aux formes musicales anciennes.
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La polyphonie est évoquée pour la première fois au IXe siècle par un religieux irlandais, Jean Scot Erigène. Il n’est pas anodin de relever qu’il emploie le terme d’ « organum » pour qualifier la polyphonie. Peut-être désignait-il aussi, par là, l’instrument.
L’orgue va en tout cas gagner en importance à mesure que la polyphonie se répand. « Il est probable qu’il s’est imposé dans les églises grâce aux possibilités importantes qu’il offrait en matière de polyphonie », confirme Denis Havard de la Montagne, responsable de la revue musicale Musica et Memoria. « Grâce à sa grande variété de son, l’orgue pouvait aisément accompagner des chanteurs lors des offices religieux ou se substituer à une voix manquante. »
Reconnu comme indispensable à la liturgie
En 1600, le Cérémonial de Clément VII, publié à la suite du concile de Trente, précise que l’orgue est un partenaire essentiel de la liturgie. Il détaille longuement la manière dont il devait être utilisé. Le principal atout de l’orgue, bien compris par l’Église, réside dans la palette infinie de ses couleurs sonores. L’organiste peut combiner à loisir les différents jeux de l’instrument – certains en comptent 80 ! – pour obtenir des sonorités uniques.
Certains jeux – aux noms aussi pittoresques que nasard, larigot ou cornet – permettent d’enrichir les harmoniques (composants) des notes et donc de modifier le timbre des tuyaux. Grâce à ces possibilités, l’organiste peut adapter la sonorité aux circonstances de la cérémonie : gravité lors de la Semaine sainte, par exemple.
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L’orgue est également unique par sa capacité à imiter différents instruments de musique. « Lorsque j’improvise à l’orgue, je n’entends pas l’instrument mais un orchestre », soulignait ainsi l’organiste Thierry Escaich dans la revue La Lettre du musicien. Sa richesse tient aussi au fait qu’il n’existe aucun orgue identique, chacun étant fonction de son époque, du facteur qui l’a conçu, des crédits mis à leur disposition ou encore de l’acoustique du lieu où il était installé.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Depuis plusieurs siècles, l’Église rappelle régulièrement l’importance de l’instrument dans la liturgie. En 1903, le pape Pie X publie le motu proprio Tra le sollecitudini, dans lequel il interdit tout autre instrument que l’orgue durant la messe, sauf autorisation spéciale. L’ordre ne sera guère suivi d’effets.
En 1955, dans son encyclique Musicae Sacrae Disciplina, Pie XII ne tarit pas d’éloges : « L’orgue occupe à juste titre la première place (dans les églises) car il est admirablement adapté aux chants et aux rites sacrés, il confère aux cérémonies de l’Église une splendeur étonnante et une magnificence toute spéciale, il émeut les fidèles par l’ampleur et la douceur du son, il comble leurs âmes de joie quasi céleste. »
L’orgue, revenu à la mode
Vatican II réaffirmera son importance dans la liturgie, mais selon certains organistes, dans les faits, le Concile a conduit à l’appauvrissement du rôle de l’instrument dans la liturgie. L’orgue se fait en effet de moins en moins soliste pendant la cérémonie. Son rôle d’accompagnement prend le dessus. Tout un répertoire sacré ne peut ainsi plus se faire entendre.
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Si l’intérêt pour l’instrument a sans doute moins les faveurs des jeunes générations de fidèles, il est toutefois loin d’avoir décliné en France. Le jeune âge de certains récents titulaires d’orgues prestigieux en témoigne : Thomas Ospital, organiste titulaire à l’église Saint-Eustache à Paris, a 26 ans ; Vincent Dubois, organiste titulaire à Notre-Dame de Paris depuis janvier, est âgé de 35 ans.
L’orgue garde aussi les faveurs de l’Église. Benoît XVI en est ainsi particulièrement friand : « L’orgue est considéré depuis toujours et à juste titre comme le roi des instruments musicaux, déclarait-il en 2006, car il reprend tous les sons de la création et il fait résonner la plénitude des sentiments humains, de la joie à la tristesse, de la louange aux pleurs. »
Pierre Wolf-Mandroux
La soufflerie :
Traditionnelle, la soufflerie est constituée de grands soufflets qui devaient autrefois être actionnés à la main ou aux pieds par des assistants. Pour les orgues les plus imposants, la soufflerie était souvent installée dans un local voisin. Mais généralement, elle est située derrière l'orgue ou dans le soubassement du buffet.
Aujourd'hui, l'air sous pression est généralement produit par un ventilateur électrique. Cette mécanisation ne date pas d'hier : on a par exemple installé des soufflets actionnés par des machines à vapeur ou même des moulins à eau.
L’air sous pression,que l'on appelle le vent, est ensuite envoyé vers un ou plusieurs réservoir à soufflet. Ce réservoir a deux fonctions : d'une part il permet d'obtenir une pression du vent constante grâce à des poids placés à son sommet ; et d'autre part il permet d'éliminer les variations brusques de pression qui pourrait dégrader la qualité du son.
“SOUFFLET CUNÉIFORME”
Ce soufflet, selon le concept du soufflet de forge qui existe depuis la nuit des temps, est formé de deux tables rectangulaires en bois de chêne ou de sapin qui sont solidaires à une extrémité (appelée le bec, le nez ou la charnière) et s’écartent de manière inclinée à l’autre extrémité (côté dénommé plis ou gorge). Entre les deux tables, il y a des éclisses triangulaires sur les côtés et trapézoïdales dans la gorge qui sont encollées et réunies par des peaux de mouton. Sur la face supérieure, on installe des poids en pierre ou en métal. Pour le fonctionnement d’une soufflerie cunéiforme il faut au minimum deux pompes. Pendant que l’une se vide du vent sous pression, on soulève l’autre afin qu’elle prenne le relais de la première et ainsi de suite. Le vent qui en résulte peut subir quelques petites turbulences audibles dans la stabilité du son, le tout dépendant du savoir-faire du souffleur, mais ceci peut avoir son charme. On trouve ce type de soufflerie dans de tout petits orgues, comme une Régale ou un orgue-coffre ou dans les grands instruments, et dans ce cas cette soufflerie est installée dans une structure en chêne et est munie de bras ou de leviers pour le levage des pompes. Les soufflets cunéiformes peuvent être alimentés par un ventilateur électrique ce qui se fait actuellement par choix esthétique.
Au XIXe siècle apparition du système à lanterne pour une pression d'air régulière; on équipe désormais les orgues de soufflets avec boîte régulatrice qui coupe le vent quand celui-ci est rempli. Chez Beuchet on appelle cela une soupape à papillon
Le vent est ensuite distribué à l'ensemble des sommiers à l'aide d'un réseau complexe appelé porte-vents. Il s'agit de canaux traditionnellement en bois, carrées ou rectangulaires, adaptées aux besoins en air des sommiers qu'ils alimentent. Parfois on trouve également des gosiers pour alimenter les sommiers en vent.
du moteur au porte vent
Un exemple
de soufflet
sur un orgue
portatif
Les sommiers :
Dans l'orgue, le sommier est le dispositif qui distribue l’air sous pression aux tuyaux sonores en fonction des touches actionnées et des registres (jeux) sélectionnés par l’organiste. Selon l'importance et la disposition de l'instrument, il peut y avoir un seul ou plusieurs sommiers.
Le sommier est la partie la plus délicate de l’orgue, car il doit assurer une distribution parfaite et équilibrée du « vent » (air sous pression) venant de la soufflerie et la distribuer aux registres sélectionnés, sans fuites d’air qui pourraient faire « corner » l’instrument. L’étanchéité doit en être parfaite, ainsi que ce qu’on appelle l’« attaque » des notes.
Le vent arrive à la partie inférieure du sommier dans une sorte de caisson étanche (la laye) dont il peut sortir par des soupapes actionnées par l’organiste (la tige qui tire une soupape pénètre dans la laye au travers d’une boursette en cuir très souple qui assure l’étanchéité tout en permettant le mouvement). Il existe d'autres systèmes, à membrane notamment.
Lorsqu’une soupape s’abaisse, l’air pénètre dans un autre espace, la gravure, qui dessert l’ensemble des tuyaux correspondant à la note sélectionnée. La gravure est surmontée de bas en haut :
-
par une table percée de trous en face de chacun des tuyaux ;
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par les registres, planchettes de bois allongées et percées de trous qui coulissent sur la table, perpendiculairement à la gravure ;
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par une chape comparable à la table, et qui supporte la base des tuyaux.
La position du registre, tiré ou poussé, met en communication, ou non, la gravure avec le ou les tuyaux correspondants : l’air traverse alors, par les trous mis en regard, la table, le registre et la chape.
Un tuyau est donc sélectionné, et résonne, lorsque son registre est en position adéquate et que l’on appuie sur la touche qui le commande.
Fonctionnement en vidéo :
La console :
La console d'un orgue est :
soit un meuble à part regroupant tous les accessoires de commande (registres, accouplements, tirasses, pédales d'expression, combinateur, appels de combinaison) et les claviers (manuels et pédalier) mis à disposition de l'organiste prenant alors le nom de console séparée .
soit un même ensemble intégré aux boiseries du buffet prenant dans ce cas le nom de console en fenêtre.
Elle évoque un bureau où l’organiste s’assoit pour jouer de la musique. Elle est intégrée au buffet ou installée à une courte distance de celui-ci quand il s’agit d’un orgue à traction mécanique. La console d’un orgue à traction électrique forme souvent un meuble séparé et mobile, raccordé à l’instrument par un câble à travers des conduits. Les paragraphes ci-dessous déclinent les parties caractéristiques de cet élément central de l’instrument.
Une console à trois claviers dont les jeux en gradins sont disposés en angle par rapport à l’organiste.
Dans la console, les claviers manuels sont centrés et disposés en escalier. Les plus petits instruments n’ont qu’un clavier pendant que les plus importants en comptent cinq ou davantage. En général, chaque clavier est associé à un plan sonore. Par exemple, dans une console à trois claviers, le clavier supérieur commande normalement le Récit; le clavier du milieu permet de faire entendre le Grand Orgue et le clavier inférieur est relié au Positif (80% des cas pour des raisons mécaniques (positif de dos)).
Le Grand orgue est présent à toutes les époques.
Le positif de dos en poitrine ou intérieur est un Grand Orgue en réduction.
Le récit contient les récitatifs les solistes comme les trompettes les cornets les flûtes.
On peut également trouver un pédalier, une bombarde, un écho, un solo, un grand cœur.
La largeur du clavier est bien inférieure à celui du sommier, car il faut faire tenir des tuyaux de largeurs importantes, mais aussi des soupapes parfois larges dans les basses d'où la nécessité d'installer un abrégé :
Le pédalier est un clavier de 32 notes placé sous les claviers manuels, au niveau des pieds de l’organiste qui vont en actionner les touches.
explications ici
À quelques exceptions près, toutes les consoles présentent des tirants de registre, lesquels servent à sélectionner les jeux. Disposés de chaque côté de la console, ils sont groupés par plan sonore. On trouve aussi des consoles compactes où les jeux sont appelés par des dominos.
Les accouplements permettent à l’organiste d’« accoupler » les plans sonores pour les commander à partir d’un seul clavier : ainsi, avec l’accouplement du Récit au Grand Orgue, on peut jouer au Grand Orgue et faire entendre simultanément des jeux choisis dans les deux sections. Les accouplements à l’unisson (en 8′) réunissent deux claviers au même diapason; quant aux accouplements graves (en 16′), ils font sonner le clavier accouplé (le Récit dans l’exemple ci-dessus) une octave plus bas sur le clavier de destination (le Grand Orgue); inversement, les accouplements aigus (en 4′) font entendre le clavier accouplé une octave plus haut sur le clavier de destination.
Pédales de tirasse = on envoie par exemple les notes jouées au clavier sur le pédalier
Pédale d'accouplement = on envoie un plan sonore sur un autre, par exemple Positif sur Grand Orgue
Grâce au combinateur et à un système de boutons-poussoirs et de pistons, l’organiste peut ajouter ou retrancher un ensemble de jeux qu’il a programmés à l’avance en appuyant sur une pièce mobile, soit avec le pouce, soit avec la pointe du pied. Les boutons-poussoirs sont situés sous chaque clavier manuel pour être à portée du doigt en cours d’exécution. De même, les pistons (ou « champignons ») sont placés juste au-dessus du pédalier, à portée du pied de l’interprète. Certains de ces dispositifs influent sur les jeux d’un seul plan sonore : on les appelle les combinaisons partielles. D’autres commandent les jeux et les accouplements de toutes les parties de l’orgue : ce sont les combinaisons générales.
Le séquenceur (en anglais stepper) est un dispositif qui permet de progresser dans une succession de combinaisons générales programmées à l’avance par l’organiste : pour faire défiler ses registrations, il n’a qu’à appuyer à répétition sur le même piston, lequel occupe une place centrale sur la console. Le séquenceur réduit donc le stress du musicien et lui fait gagner du temps en lui évitant d’avoir à chercher le bon piston pendant qu’il joue; cet appareil est particulièrement apprécié des organistes de passage pour un concert.
Sous les claviers, au-dessus du pédalier, on trouve des pédales à bascule, normalement centrées sur la console. Chaque pédale est reliée à une section expressive de l’orgue; elle permet à l’organiste d’ouvrir et de fermer du pied les volets de la grande boîte où sont enfermés les tuyaux.
Sur certains instruments, la pédale disposée à l’extrême droite active une fonction de crescendo qui appelle graduellement des jeux et des accouplements dans un ordre préprogrammé par l’organiste.
Fabrication d'un pédalier
Les tuyaux de l'Orgue :
L’orgue a suivi, au cours d’une histoire de près de 23 siècles, le progrès des techniques en matière de soufflerie, d’acoustique, de transmission de mouvements, d’électricité, d’électronique voire d’informatique.
Dans le domaine de l’acoustique, les sonorités ont évolué au fil du temps grâce à la grande diversité possible des tuyaux : certains sont réalisés en bois, d’autres avec un alliage étain-plomb, d’autres en zinc,… Les caractéristiques géométriques peuvent aussi être très différentes : tuyaux carrés, coniques, cylindriques, … Certains tuyaux fonctionnent sur le principe de la flûte à bec, d’autres sur le principe de la clarinette (anche battante), d’autres encore sur le principe du hautbois (anche libre) C’est pourquoi, dans un orgue, il existe de nombreuses familles de tuyaux appelées « jeux ».
Chaque jeu de tuyaux correspond en fait à un timbre particulier (ou « couleur sonore ») souvent propre à l’orgue comme le Prestant, la Montre, la Doublette ou encore la Fourniture. Ces « couleurs » différentes sont utilisées par l’organiste afin d’interpréter, par exemple, des œuvres de la musique baroque (F. Couperin, N. De Grigny,…) ou de la musique classique (W.A. Mozart,…)
Mais, devant l’ampleur prise par l’orchestre en Europe dès le milieu du XVIIIème siècle, l’orgue tend à se rapprocher de son concurrent. Les facteurs d'orgues s’efforcent alors par tous les moyens d’enrichir harmoniquement les sonorités afin de produire des « résonances romantiques » et de se rapprocher musicalement des cordes de l’orchestre. Au XIXème siècle, ils réalisent notamment de nouveaux jeux dits « romantiques » ou gambés appelés viole de gambe, violoncelle, violon, salicional ou encore gambe pour les plus courants. Ces jeux ont alors contribué à faire naître la musique d’orgue romantique et leurs sonorités particulières ont inspiré de grands musiciens français comme C. Franck, C. Saint-Saëns, L. J. Lefébure-Wély, A. Guilmant et bien d’autres encore.
Je vous propose de comprendre un peu mieux le fonctionnement des tuyaux d'orgue.